La voie du Shaan: une mystique Eclairantiste

Un nouvel essai, une nouvelle approche, une nouvelle tentative de faire éclore ce que je sens plus que je ne comprends. Si vous avez un peu de temps et que vous avez envie de laisser un commentaire...


La foudre n'a qu'une maison, elle a plusieurs sentiers.


L'Eclairantisme s'est fait connaître comme un mouvement progressiste, porteur de valeurs fortes: partage des connaissances, développement harmonieux de la civilisation galactique. Avant tout donc un mouvement rationaliste qui s'oppose à l'obscurantisme et à la perversion de la Gale.

Parmi les disciplines Eclairantistes il en est une qui est non seulement mal connue mais qui porte souvent à confusion: le Shaan. Souvent cette discipline est présentée comme une mystique eclairantiste ce qui semble être une contradiction dans les termes, une absurdité voire un scandale.

Qu'en est-il vraiment ? Comment peut on définir le Shaan et comment s'inscrit il dans le projet Eclairantiste ?

C'est donc à une première approche du Shaan que nous convions notre lecteur, une introduction dont nous souhaitons qu'elle saura échapper aux écueils de la confusion et de l'érudition. Nous espérons que cette présentation saura intéresser notre lecteur et le convaincre de la valeur de la démarche.

Shaan et Religion:

Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.

Les deux sont souvent confondus. En apparence les convergences sont nombreuses et peuvent tromper l'observateur inattentif. En effet l'enseignement du Shaan est souvent dispensé par des "maîtres Shaanis" que l'on peut amalgamer de l'extérieur à des maîtres spirituels, ou à des initiés de cultes à mystères. Les disciples du Shaan suivent un certain nombre de pratiques, comme la méditation, qui sont malaisés à distinguer de pratiques religieuses. De même les Shaanis abordent très souvent des thématiques et des questionnements d'habitude abordés par les religions: l'origine de la vie et son devenir, les états de conscience...Le Shaan fait très largement appel aux émotions, aux sentiments, à l'intuition qui parfois rebutent les rationalistes. Pourtant ces ressemblances ne sont que superficielles.

Les religions, en tant qu' institutions au moins, sont souvent aliénantes dans le sens où elles proposent souvent une vision exclusive de la "réalité". Les idéologies religieuses se transforment trop souvent en dogme, en vérité absolue et indépassable. Rien n'est plus contraire à l'esprit du Shaan qui à la réponse figée préfère la question ouverte et toujours posée, qui à la certitude bien ancrée préfère la recherche de la vérité, et insiste sur le nécessaire dépassement des cadres traditionnels au détriment de l'observance d'un credo.Le Shaan ne dispose d'ailleurs pas de texte fondateur, encore moins de texte sacré. Ni de dogme, ni d'Eglise, ni de culte défini.

Une religion sans Dieu, un panthéisme centré sur la vie et ses manifestations singulières c'est ainsi que dans un premier temps peut apparaître le Shaan.

Shaan et Science:

Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas.

En réalité, et c'est peut être une surprise pour notre lecteur, le Shaan peut être rapproché des Sciences. Le Shaan se propose en effet de parvenir à réaliser une harmonie, son équilibre grâce à une meilleure intelligence de la vie dans le monde.
Il s'agit bien pour le Shaani, le disciple du Shaan, d'observer le monde tel qu'il est, de le questionner sans restrictions ni préjugés pour parvenir à la connaissance, préalable indispensable à la réussite de l'Elévation. La démarche des Shaanis, très rigoureuse, est donc compatible voire même semblable à la démarche scientifique. Cependant là où les scientifiques au sens commun du terme circonscrivent leur étude au monde "objectif", exploré sous toutes ses coutures par la physique, les mathématiques et la statistique, les Shaanis se préoccupent de l'âme, de l'irrationnel, du mouvement de la vie dans ses manifestations singulières. Là où les scientifiques s'appuient sur des instruments techniques (ordinateurs, microscopes moléculaires, etc.), là où les scientifiques utilisent des notions conceptuelles et des langages formels (les mathématiques par exemple), les Shaanis font appel à l'observation empirique des états de conscience, l'intuition, les sensations.

Le Shaan est donc une métaphysique au sens premier du terme, fondé sur l'étude rigoureuse de ce qui est au delà du monde expliqué et régit par les sciences classiques. Insistons bien sur ce point: Le Shaan se fonde bien sur l'observation de faits réels, dûment attestés et vérifiables, et sur leur étude rigoureuse. Le Shaan adopte une démarche scientifique pour aborder des thèmes d'habitude portés par les religieux.

Shaan et Eclairantisme:

Qui convertit l'aiguillon en fleur, arrondit l'éclair.

Il est temps maintenant d'essayer de cerner la place du Shaan dans le projet Eclairantiste. Rappelons en quelques mots les notions essentielles de l'Eclairantisme. L'ancienne et brillante civilisation galactique par les mirages d'un développement technologique hypertrophié s'est retrouvée confrontée à un ennemi implacable qu'elle avait sûrement elle même suscité: la Gale. Devant les ravages de la Gale et le danger d'extinction de toute forme de vie les Eclairés mirent en place un projet dont la première phase fut la Dévolution, l'effondrement forcément brutal de la technostructure galactique. Le Shaan a certainement joué un rôle central dans ce processus. Par l'attention porté à l'élan vital (par opposition à la technosphère totalisante ) par la multitude de méthodes de libération (liberté du corps, de l'esprit, le dépassement des contraintes) prônées et diffusées par les Shaanis encore aujourd'hui l'on devine que le Shaan fut un des instruments de résistance à la Gale. Une fois la dévolution achevée, le moment de la Grande Jonction, lorsque les planètes isolées les unes des autres eurent jusqu'aux rudiments de la technologie, il fallu tout reprendre de zéro. A ce moment donc nous avons la preuve que sur certaines planètes au moins le nouvel envol de la civilisation fut accéléré par la pratique du Shaan.
Les Shaanis ont en effet développé des méthodes permettant en période de basse technologie de pallier l'absence d'outils perfectionnés. Utilisant les ressources de la psyché ils réussirent à édifier des bâtiments remarquables sans faire appel à des équations complexes ou des calculateurs. ce sont les mystérieuses mathématiques naturelles pratiquées encore aujourd'hui dans certaines régions reculées de notre galaxie. Les maisons Shaanis de Caladan permirent de sauvegarder le tissu social à une époque où les groupes humains semblaient voués à l'isolement et à la méfiance réciproque (le lecteur curieux se reportera à l'ouvrage de l'Encyclopedia Galactica concernant les bâtiments remarquables du cosmos s'il souhaite en savoir plus que les maisons Shaanis).
On le voit bien le Shaan est une partie constitutive du projet Eclairantiste, à la fois instrument de résistance à la Gale et puissant courant contribuant à l'Elévation.


In fine, quelle définition provisoire pourrions nous donner du Shaan ?
Une métaphysique eclairantiste, une pensée toujours en mouvement à l'écoute de l'Elan Vital et cherchant par ce biais à transcender les cadres imposés, cherchant à voir au delà et d'en déduire les connaissances utiles à l'Elévation.