Eclairantisme et Mystique Eclairantiste

voici la première mouture du texte que je voulais publier sur le Shaan, je voulais vous le présenter d'abord, pour entendre vos commentaires et vos suggestions, avant que de le poster sur le salon de présentation

Cet article ne prétend pas expliquer dans le détail les aspects de la mystique eclairantiste, mais proposer une approche scientifique de la question. Plus exactement il s'agit d'expliquer du point de vue de la synthernétique l'intérêt de la voie du Shaan, et ce qu'il faut entendre par là. Autrement dit il s'agit de dessiner une introduction à la mystique eclairantiste, de montrer comment elle a trouvé sa juste place dans ce mouvement.

Cette histoire est intimement liée à l'histoire de Caladan et à l'enracinement du Shaan sur notre planète. C'est une histoire particulière qui a pourtant une portée universelle, car elle s'inscrit dans le cycle majeur de l'expansion de la Gale, de la Dévolution et de l'Elévation.

La très vieille Archive

Le Shaan est présent sur Caladan aux premiers jours de la grande jonction. Pourtant on retrouve cette mystique sur d'autres planètes. Il était évident que le Shaan faisait partie du projet éclairantiste, mais d'une manière obscure, longtemps restée secrète presque scnadaleurse. Jusqu'à ce qu'on La retrouve. C'était au Schératan, dans un vallon raviné. Ce n'était à première vue qu'un monceau de matériaux hétéroclites, un de ces vestiges de l'avant que les survivants démantelaient pour asurer leur survie. Mais il n'en était rien. Nous avions retrouvé en grande partie intacte une antenne de l'ancienne bibliothèque intergalactique, encore par quelque miracle animée par une Intelligence Artificielle. Il nous fallu des années pour comprendre, encore plus pour oser approcher et communiquer (était elle contaminée par la Gale ?). Mais les barrières furent franchies. Biensûr la très vieille archive n'était pas intacte, mais elle avait encore bien des trésors à nous révéler.

Parmi tous les rapports il y a en un qui fit l'effet d'une bombe, c'est ce que l'on nomma...

L'Aberration du Schératan


C'est un nom inexact biensûr. L'archive nous avait révélé l'existence d'une lontaine planète, avant la dévolution. C'est sur cette planète que les premières atteintes de la Gale se firent connaître. La planète Firène. Cette planète était le jouet d'une de ces familles aristocratiques qui se partageaient avec cynisme la galaxie, ses richesses, et même plus. Firène fut terraformée selon un projet bien précis, celui d'accueillir une population d'esclaves. Mais n'allez pas imaginer une planète-fournaise, une image d'enfer. Non, c'était au contraire une planète tout à fait clémente qui devait servir de cocon au plus vicieux des pièges. Les populations humaines introduites sur Firène n'étaient pas de libres colons. Des serfs achetés, modifiés génétiquement dans des centres de concentration jusqu'à obtenir la mutation souhaitée. La PNO, une Psycho-Névrose-Obsessionnelle qui en même temps quelle développait les facultés de l'intelligence rendait ces êtres humains sujets à des troubles irrépréssibles du comportement: Contempler les lignes du plancher pendant des heures, répéter sans cesse des morceaux de phrase sans signification. Ce « défaut » n'en était pas un aux yeux des maîtres, il était le premier maillon de la chaine de leur esclaves.
Les premiers groupes furent introduits sur Firène. On fit semblant de leur rendre la liberté, on leur donna des moyens, on signa des contrats de recherche et de développement. Parmi les premiers débarqués il y avait des spécialistes des manipulations mentales. La missionaria protectiva. Ils mirent en place jour après jour les autres maillons de la chaine. Ils racontèrent l'existence des Dieux. De Dieux qui parlent. De Dieux tellements parfaits que nous devions ressentir notre indignité lorsqu'ils nous adressent la parole. Ceux qui ressentent cette indignité, qui s'y soumettent sont les élus. Il faut révérer et honorer les élus, et à travers eux les Dieux. Le peuple de Firène a reçu un don des Dieux, ces Dieux qui nous parlent et qu'il faut écouter.
Se mit en place un système social, avec au sommet les « élus », ces humains qui avaient l'intelligencela plus vive, les plus soumis à la PNO, et les autres, peuple de serviteurs et d'administrateurs.

La missionaria protectiva avait bien travaillé, le peuple de Firène non seulement acceptait son infirmité, mais avais appris à l'aimer, à s'y soumettre, et à mettre son intelligence au service de leurs manipulateurs de maîtres.

C'est cela l'aberration du Schératan. La révélation d'un esclavage rendu possible par la religion, une soumission ignoble rendue vertueuse par les maléfices d'une explication mystique.

Beaucoup réclamèrent alors, sans plus tarder, de mettre le Shaan hors la loi, de combattre l'obscurantisme. Ils auraient dû attendre la fin de l'histoire, ils auraient dû faire preuve de patience, se rappeler que l'on ne doit combattre les errements de l'esprit qu'avec les armes du respect et de la courtoisie.


Le Shaan, une mystique de la libération.

Car le Shaan est lui aussi né sur Firène. Et il fut conçu comme le contre-récit, l'anti-dote au nécrorêve, comme une mystique de la Libération. L'Archive du Schératan garde le nom du premier maître Shaani. De la première plutôt, c'était une petite fille, du nom de Ves Na. Elle était née avec des qualités exceptionnelles, chez elle la PNO était absente. L'Elan Vital venait de donner un tour inattendu au piège qu'était le monde de Firène. Ce monde venait d'accoucher de son sauveur. Ves Na, forgea années après années les préceptes du Sha (voyage, mouvement) An (essence, esprit). Il s'agissait d'une vaste et titanesque entreprise de libération.

Libération des préjugés. La relativité des normes sociales, de leur rôle à la fois aliénant et constituant. Les normes sociales doivent répondre, trouver une certaine harmonie avec l'Elan Vital, si elles ne le sont pas, il faut alors les contourner, comme les barreaux d'une prison.

Libération du poids des émotions. Se libérer de la contrainte sociale n'a pu se faire sur Firène, ne peut être réalisé de manière générale, sans apprendre à maîtriser ses états de conscience. Apprendre à laisser couler la colère, s'erroder la frustration, éprouver la joie. Les élus de Firène purent sur ce chemin apprendre à reconnaître et à repousser chaque jour un peu plus le dégoût, la honte, l'insignifiance, ces spectres de la PNO.

Libération des paradoxes de la raison. Les syntherniciens le savent bien. Tout système logique, toute théorie scientifique aussi poussée et lumineuse soit elle possède une tâche aveugle. Un morceau de réalité dont elle ne peut rendre compte. L'exemple que donnent le plus souvent les syntherniciens c'est notre langage.


Il est possible d'écrire cela. Il est impossible d'en tirer une vérité pratique. Nous retrouvons cette incomplétude dans tous les domaines scientifiques. Le Shaan propose une approche qui permet d'éviter les pièges de la raison, le Shaan propose une approche qui permet de réconcilier science et conscience.

Nous ne savons pas ce qu'est devenue Firène, emportée par les convulsions de la dévolution. Mais nous savons le prix à accorder à son héritage, la voie du Shaan est toujours vivante sur Caladan.

Le récit est passionnant, vraiment.

Cependant, je reste un peu sur ma faim tant le rapport science/religion n'est qu'évoqué...

Viens le moment du passage au filtre rationaliste des Thylyniens :

Je crains que nos logiciens Thylyniens sachent contester ses prétendus paradoxes de la raison. Ils les qualifieraient plutôt d'imprécisions de langage. Cette remarque vaut aussi pour l'incomplétude des sciences. Tant que le sujet d'étude est bien défini, pas besoin de réconciliation.

A mon sens, le Shan peut sans doute aussi, mal interprété, conduire à de nouveaux paradoxes. Cela dit, je spécule et je me garderais bien de vous fournir un exemple.

Mais je reconnais, à la lecture de ces fragments, qu'historiquement, le Shaan était sans doute nécessaire. Si cette dimension historique pouvait apparaître, je serai comblée.

Une suggestion :

Le Shaan propose une approche qui permet d'éviter les pièges de la raison, le Shaan propose une approche qui permet de réconcilier science et conscience. D'autres approches, plus confiantes en la seule raison consciente de ses limites, sont toujours possibles. Mais sur Firène, c'est la voie du Shaan qui permit d'aboutir.

Evidemment, j'assume complètement "prêcher pour ma paroisse" et avancer des idées qui sont contestables.

En ce qui concerne le paradoxe du langage évoqué, il ne l'est qu'à titre d'illustration. Si on devait aller plus il faudrait évoquer des choses plus pointues, le théorème d'incomplétude de Gödel pour les mathématiques, le principe d'incertitude en mécanique quantique...Mais nous dépasserions là le cadre de l'illustration et de l'introduction pour entrer dans ce qui est plus complexe, plus ardu à coup sûr. Ce que j'essayais de montrer c'est que l'approche rationaliste conduite à un seul niveau amène à des impasses. Il n'existe pas de système formel asse puissant pour rendre compte de tous les aspects de la réalité? historiquement biensûr.

A ce sujet maintenant, j'ai essayé d'inclure cette dimension "historique", mais j'ai la conviction que le Shaan n'est pas dépassé...Il est au contraire très actuel.

Par contre il est évident que le Shaan ne propose pas de solution universelle. C'est le fondement mêmede la démarche éclairantiste que de rechercher l'harmonie des différentes approches.

Quand à la possible mauvaise interprétation du Shaan. Elle est toujours possible. Mais ce n'est pas une qualité du seul Shaan, souvenez vous du débat sur notre position vis à vis de la guerre. Là encore la réponse réside dans l'aspect non-totalitaire des discplines de la Fondation. Aucune de ces disciplines (Synthernétique, Psycho-histoire, Shaan...) ne peut prétendre à elle seule expliquer la totalité de l'univers, c'est de leur dialogue que nait le mouvement éclairantiste.

Le défaut du texte est de tout ramener au Shaan, je vais donc considérer cet aspect des choses. Notez que ce n'était pas mon intention, mais que cela a été dicté par l'effort pour faire ressortir le sujet principal du texte. Merci pour ces ramqreus cela va me permettre d'avancer un peu sur ce sujet.

Vous ai-je déjà remercié pour savoir prendre les critiques pour ce qu'elles sont ? Assurément, c'est un plaisir que de travailler à vos côtés.

Pour ce qui est de mes remarques sur les paradoxes de la raison, je vous suis parfaitement. C'est un autre sujet et il est effectivement très pointu.

Quant à l'actualité du Shaan, je veux bien vous croire. Mais vous avez compris que je n'en ferai pas mon cheval de bataille.

C'est donc avec plaisir que je constate définitivement que mes craintes initiales à mon entrée dans la Fondation étaient injustifiées. Nous pouvons sereinement avancer.

Je me rends compte que ce message n'apporte rien de vraiment neuf. Mais je n'ai pu résister au plaisir de souligner à quel point notre façon de collaborer, sans passer sous silence nos différences, fonctionne parfaitement.

Je souhaite également apporter ma pierre à l’édifice intangible qu’est le Shaan, et vais m’écarter de votre dernière discussion.

Depuis mes premiers pas dans l’Eclairantisme, j’associe la mystique du Shaan à une liberté d’actions plutôt qu’à une liberté de la pensée. Une liberté d’actions de tout EVI face aux carcans imposés par son environnement. Plutôt que de lutter contre cet environnement qui finalement nous restreint dans notre liberté d’agir, il faut s’accorder avec lui. N’est-ce pas d’ailleurs ça, « l’empathie » citée dans la définition du Shaan ? (cf. Lexique éclairantiste). Ceci est bien sûr ma propre vision de la mystique, que je ne retrouve pas dans le récit de Firène.

Peut-être faudrait-il mettre plus l’accent sur le carcans imposé par les techno-monarques (surligné le terme « esclave » ?), car j’ai peur que le novice ne se perde au fil du texte. Et au final, nous serons plus perçus comme une élite qui pense plus qu’elle n’agit, comme cela a déjà été évoqué par certains visiteurs externes. Il faudrait plus de clarté, plus d’explication. Redéfinir certains termes par exemple.

D’une façon plus personnelle, mon peuple n’est historiquement pas adepte du mouvement Eclairantiste, même si le Département de Réflexion Eclairantiste, jeune institution de mon gouvernement, tente d’ouvrir une nouvelle voie de pensée dans l’esprit des Golléens. De petits groupes de travail sont ainsi à pied d’œuvre pour lancer de nouveaux axes de réflexion applicable.

Mais le Shaan reste un concept très abstrait pour la majorité des gens (c’est mon ressenti lorsque je sonde mon peuple), et même moi ai du mal à vous suivre constamment sur les chemins tortueux qui mènent à la révélation du Shaan. Peut-être est-ce le côté philosophique qui en émane ; car nous savons que la philosophie est une façon de voir et de concevoir, qui est toujours difficile à appliquer au quotidien, et encore plus à un groupe de personnes.

Finalement, ce que je soulève ici, ce n’est pas l’approche « scientifique » faite (même si, comme la Sénatrice Vendetta, j’aurais apprécié une analyse plus profonde de la dépendance religion/sciences), mais la façon de « se servir » de la mystique pour grandir et s’épanouir. Regardons le côté pratique, et pas cette vision du messie présenté sous la forme d’une jeune fille. Car ce que je vois dans ce récit, c’est le début d’une guerre de religion.

PS : désolé pour le désordre intellectuel de mes idées, mais j'ai eu du mal à en faire un condensé...